La petite église du village de Rebecques, édifiée près de l'enceinte protectrice du château, fut placée sous la protection de Saint Maclou. Quant à Saint Winoc, la chapelle élevée sous son vocable dans les hauteurs de Rebecques, ne remonte pas au Moyen Age, dans sa facture actuelle, mais elle a certainement été construite sur les restes d'oratoires successifs, plus anciens et peut-être plus vastes. Cette supposition est raisonnable si l'on admet le fait que l'Abbaye Saint Jean, à Thérouanne, était parait-il, reliée à ce lieu par un souterrain.
Quoi qu'il en soit, il nous est permis de rêver ensemble, l'espace de quelques minutes volées au temps, pendant lesquelles nous allons essayer de nous figurer Rebecques au début du Moyen-age...
Voici, près de la Lys, un très petit village blotti autour de son vieux château flanqué de deux modestes tours. Une vingtaine de chaumières entourent l'église, qui n'est encore qu'une chapelle couverte également de chaume, la nef et le campenard seront construits plus tard.' Tout un petit peuple s'agite et survit courageusement grâce à une terre fertile mais exigeante, à une Lys, toute proche et riche en poissons et à de nombreux bois et fourrés qui retiennent le gibier et les animaux sauvages. Les adultes travaillent dur et les enfants, pour qui la scolarité n'existe pas encore, font dans la nature, l'apprentissage de la vie. On leur confie le soin de quelques animaux domestiques qui trouvent à proximité la nourriture et l'espace nécessaire à leur engraissement et leurs petites jambes agiles grimpent volontiers sur les hauteurs du « gris mont ».
Non loin du village, là où peut-être, s'élèvent une ou deux masures, on peut se représenter un gaillard barbu, vêtu de bure, appuyé sur un solide bâton, contemplant, du haut de la colline, le petit village de Rebecques, les méandres paresseux de la Lys, le ciel d'Artois à la lumière incertaine, paysage bucolique bien différent des vastes étendues maritimes si chères au cœur des bretons. Et on voit s'avancer un berger et son troupeau, quelques enfants en maraude, des paysans, la faux à la main et leurs épouses en quête d'épis à glaner, un bûcheron, la hache à la ceinture, sort des bois tout proches et tout ce petit monde fait cercle autour du moine, attentif à la moindre de ses paroles. Peut-être se partagera t-on un quignon de pain, quelques fruits cueillis sur les haies et, tout naturellement, le moine creusera la terre du bout de sa canne pour faire naître la source.....